Érotique Ellyxia Castle auteure

PLAISIR SOLITAIRE

Un silence apaisant enveloppe l’appartement. J’inspire profondément. J’apprécie ce moment d’isolement. L’ambiance sereine des lieux suit toujours la matinée de brouhaha et de course effrénée contre la montre avec les enfants. J’en profite chaque jour après les avoir déposés à la garderie et à l’école. Ma femme est partie au boulot, donc je suis seul. Je prends le temps de refaire un café au percolateur. Les uniques bruits audibles sont le vrombissement sourd des appareils électriques et ce breuvage chaud qui coule dans le silex. Je regarde le lit de fortune sur le canapé dans lequel je dors chaque nuit. Depuis plusieurs années, je n’ai plus ma place dans la couche conjugale. Le pincement vif qui me barre le dos me rappelle qu’il y aura des décisions à prendre dans un avenir rapproché.

Ses hurlements incessants lorsqu’elle ouvre les yeux le matin, aux beuglements constants après les enfants et aux désobligeantes insultes à mon égard, je n’en peux plus. Ce n’est pas un environnement sain pour mes garçons ni pour moi.

Je saisis l’anse de la tasse que j’avais laissée sur la pantry un peu plus tôt. Je me verse un bon café frais et je me dirige à la salle de bain. Je tourne les robinets et ajuste l’eau à une certaine température. En peu de temps, une vapeur blanche remplie la minuscule pièce. Je m’appuie sur le comptoir devant le miroir pour m’observer. Les cernes ravagent tranquillement mes yeux pairs. Les années passent, je vieillis et mes traits en témoignent. Je soupire.

– Pourquoi endures-tu ce calvaire? me dis-je à haute voix.

Je lance un regard oblique à mon reflet… je sais très bien la réponse! J’expire de nouveau en virant les talons. C’est mon petit plaisir solitaire matinal.

Je me déleste de mes vêtements et je me glisse sous la douche. La chaleur de chacune des gouttes dévale sur ma peau, je frissonne. Elles se faufilent entre chaque poil de mon épiderme écartelant celui-ci. Cette température réconfortante, je la savoure. Je ferme les yeux pour en apprécier toute la délicatesse. La fumée humide en suspension dessine lentement une physionomie féminine.

Elle n’a pas vraiment de visages ni d’odeur et ni de nom. Elle a juste une intention perverse, de me faire jouir. La silhouette élégante enveloppe mes épaules. Un soupçon de souffle effleure mon cou. Une généreuse poitrine s’appuie sur mes omoplates. Une accolade intime et chaleureuse, elle me réconforte. Je me sens aimé.

La peau satinée dérape sur mon dos. Lubrifiée par le flot d’ardentes gouttelettes, elle est sensuellement douce, délicate et dans l’espace d’un instant, elle passe en avant de moi. Une image voluptueuse danse pour moi. Le corps se moule à ma chair, caressant et irradiant de luxurieux désirs. Les lèvres pulpeuses fusionnent aux miennes. Je peux déguster. Je peux goûter. Je peux sentir… un parfum me vient au nez. Une fragrance que je connais, elle ravive de bons souvenirs. Quelque peu déjantés, mais ils sont tellement agréables.

Les doigts longs et effilés se promènent dans ma chevelure grisonnante et humide. Une valse de saveurs stimule mes papilles gustatives. Les formes voluptueuses voguent au gré de mes muscles qui resserrent l’enlacement. Les lèvres moites, la langue agile, elle entreprend une descente langoureuse. Sans omettre une parcelle de peaux, la bouche déguste ce repas charnel avec appétence.

À genoux devant moi, mon membre s’engouffre tout au fond de la gorge. L’étau comprime ma virilité. Ma verge pulse avec convoitise. L’air est torride et me monte au visage. Le va-et-vient devient plus rapide. Une légère succion m’attise davantage. Un mouvement de langue enroule l’extrémité. Un gémissement sourd sort de mon gosier, j’adore ça. La soyeuse chevelure glisse entre mes doigts, je m’en saisis avec hargne. J’en veux encore… mais, le tempo ralenti. Un regard malicieux se pose sur moi.

Une vague corporelle la renverse. Penchée par en avant, elle me présente son postérieur rebondi. D’une peau satinée, mes mains effleurent l’épine dorsale jusqu’aux rosettes du haut de fesses. Se déhanchant sensuellement, la petite chatte rosée avale ma masculinité tout entière.

Le passage étroit et fiévreux est déjà lubrifié. Je l’agrippe et, par les irradiantes impulsions, je me déchaîne… c’est avec vigueur que je tape tout au fond. Quelques cris de plaisirs s’échappent de la jolie bouche. Je pousse de l’intérieur et je ressors à l’extérieur. De plus en plus intense, mon rythme cardiaque s’accélère. J’empoigne les impudiques courbes de mes mains. Mes muscles se contractent. Des spasmes incontrôlables envahissent mon corps. Ma main étreinte l’étau et active le mouvement sur mon membre. Ma verge se gonfle. Ma jouissance explose comme l’éruption d’un volcan, le visage déformé.

J’ouvre les yeux et je vois un regard furibond à travers le rideau de douche… ma femme! Comment couper la branlette solitaire : avec des beuglements outrés. Mon plaisir vient de disparaître en fumée…